Hyperactivité : interview sur RMC

Alors que la Haute Autorité de Santé (HAS) émet enfin des recommandations, la France commence à combler son retard dans la connaissance de ce trouble qu’est le TDAH. Les médias vont pouvoir s’intéresser à ce trouble sous un autre angle que le débat dépassé de savoir si le TDA avec ou sans hyperactivité existe ou non.

TDAH : trouble dysfonctionnel de l’attention avec ou sans hyperactivité, que beaucoup appellent encore hyperactivité en toute simplicité. Cette erreur est, en partie, responsable de la mauvaise image dont souffre le TDAH aujourd’hui. Depuis les années 80, a été fermement établie la notion que l’agitation n’est pas toujours présente dans ce trouble dont le noyau central est le dysfonctionnement de l’attention. Mais, beaucoup pensent encore que sans agitation on ne peut parler de trouble attentionnel, l’idée traine encore que si l’enfant peut se concentrer sur une tâche, alors il ne peut souffrir de TDAH. Les idées fausses sont encore nombreuses et ont la dent dure ; elles sont responsables de retard au diagnostic et de l’incompréhension du grand public face à un trouble qui ne laisse pas indifférent.

Trente ans plus tard, en France, il faut encore répéter que le TDAH n’est pas un trouble comportemental, mais un trouble cognitif. Non, ce n’est pas un trouble qui résulte d’une mauvaise éducation, mais un trouble du fonctionnement de la pensée (un trouble cognitif). Lorsque, enfin, nous aurons rattrapé ce retard considérable dans la formation de nos médecins et dans l’information des parents et des enseignants, nous pourrons progresser dans nos connaissances sur ce trouble. Nous pourrons informer l’ensemble des personnes intéressées sur la manière d’aménager le quotidien pour aider ces enfants, adolescents ou adultes.

Les recommandations faites aux médecins par la HAS ne sont pas une surprise, elles vont dans le sens des lignes de conduite internationales, mais elles ont le mérite d’exister et de clouer le bec à ceux qui disent que le TDAH n’existe pas. Le débat, ainsi clos, il est temps d’avancer et d’aider les enseignants à mettre en place les aménagements nécessaires au niveau scolaire. L’affaire n’est pas mince, le 1/3 temps supplémentaire est reconnu comme étant la mesure la plus efficace pour aider un enfant TDAH à restituer ses connaissances dans les meilleures conditions. Ce temps supplémentaire est, en pratique, difficile à appliquer et malheureusement, trop souvent oublié. Comprendre que ces enfants et adolescents TDAH ne le font pas exprès, qu’ils lisent sans que les mots ne prennent de sens et ont donc de grandes peines à passer de l’oral à l’écrit. Rétablir un équilibre entre notation orale et écrite est une idée intéressante, qui tarde à faire son chemin. D’autres aménagements scolaires sont possibles et nous nous sommes penchés sur la question.

Une étape, à venir, est de reconnaitre l’existence du TDAH adulte et de permettre à ces « oubliés » de la médecine, d’être traités comme le sont enfants et adolescents. Aujourd’hui, il n’est pas possible de prescrire de la ritaline, quand elle est nécessaire, à un adulte chez qui le diagnostic n’aurait pas été posé avant l’âge de 18 ans…

Bref, il nous reste des progrès à faire dans le traitement du TDAH.

 

Pour en savoir plus sur le TDAH.